Les habitants de ce petit village niché au fond d’une vallée n’ont plus le moral. Ils viennent d’apprendre que leur école va fermer, faute d’élèves en nombre suffisant. Déjà qu’ils n’ont plus grand-chose… Ils ont « le moral dans les chaussettes », comme on dit.
Et puis un jour arrive un voyageur de passage, un pèlerin qui traverse cette vallée à pied. Il cherche un endroit accueillant pour dormir, pour reprendre des forces avant de continuer son périple. Il n’a pour tout bagage qu’un vieux sac à dos, tout usé, mais qui tient encore le coup malgré les années. Il ne cherche pas un luxueux hôtel (d’ailleurs il n’y a pas d’hôtel dans cette région), mais des gens hospitaliers qui lui offriraient le gîte, le couvert et un peu d’amitié. « Ca, ça doit bien se trouver par chez vous, non ? » dit-il au maire. Sans trop de difficultés, une vieille dame lui ouvre sa petite maison ; son petit-fils étant au service militaire, elle a une chambre pour lui.
Le voyageur reste quelques jours dans le village. Il va à la rencontre des gens, les écoute, essaie de comprendre leur dépit.
- Nous n’avons plus rien, on nous oublie, on nous laisse crever ! dit l’un.
- C’est, vrai, ici tout fout le camp ! Les jeunes, ils ne restent pas, ils vont à la ville. dit l’autre.
Le voyageur leur rétorque alors :
- Et vous vous laissez faire ? Vous n’êtes donc pas prêts à montrer à ceux de la ville qu’ils ont tort et vous raison ? Vous n’avez plus rien, dites-vous, mais vos mains, vos bras sont vigoureux, votre cœur est plein de fiel, changez-le en énergie et sortez vos mains de vos poches. Je vais vous aider à redonner vie à votre village.
Et voilà le voyageur qui, avec les moyens du bord, encourage les villageois à remettre en état un vieux puits pour ne plus dépendre des approvisionnements de la ville. Il aide à réparer le générateur électrique. Tous ont enfin un projet commun : s’en sortir coûte que coûte. Il parvient même à redonner de la joie et des rires dans ce village.
Mais un jour, le voyageur rassemble ses affaires et se prépare à partir. Tous les villageois qui ont retrouvé, grâce à lui, la vitalité de leurs vingt ans, essaient de le persuader de rester, lui disent que son voyage peut attendre, qu’ils ont besoin de lui ici. Rien n’y fait, le voyageur va partir, c’est dit !
Il sort du village et se retourne et leur crie :
-
Alors un vieux dit à son voisin :
- On ne le reverra plus !
Et l’autre de répondre :
- Tu paries ?
Ascension. 17 mai 2007.
Une église : un gîte sur le chemin de la vie.
Source de l'image : photo personnelle (c) été 2005
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