Une histoire de grain

Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance.

Jean 12, 20-26

Avec le printemps qui revient, nos amis jardiniers (qu'ils soient amateurs ou professionnels) songent aux prochaines plantations. Et nous le savons bien : si un grain ne germe pas, il meurt. Mais s'il meurt, alors il donnera naissance à une plante, une fleur, un arbre qui porteront du fruit, beaucoup de fruits. La graine est porteuse de vie, comme le grain de blé qui donnera naissance à l'épi lui-même porteur de grains.

Cette allusion au grain planté est universelle, comprise de tous, parce qu'elle traverse les cultures et les époques.

Jésus utilise l'image du grain (ou de la semence) à plusieurs reprises, pour parler du Royaume de Dieu, mais ici, il parle bien de la mort. De sa mort, de son heure qui ouvrira le chemin de la Vie qui porte du fruit. Il faut que Jésus traverse sa Passion, qu'il soit crucifié et qu'il meure pour qu'il devienne porteur de vie au matin de la Résurrection.

Avec l'image du grain qui meurt en terre pour porter du fruit, Jésus dit aussi quelque chose de notre existence, des renoncements, des abandons, des petites ou grandes morts qui ont jalonné notre vie. Il est des choix qui nous obligent à faire mourir en nous des certitudes pour commencer une nouvelle étape, à risquer certains rêves, mais aussi à tourner une page pour en écrire une autre. Si le grain meurt, il porte du fruit en abondance.

Enfin, Jésus montre la priorité : où est notre vie ? En nous-mêmes ? Alors, nous la perdrons. En Dieu ? Alors, nous la garderons. Placer notre vie dans le projet de Dieu, c'est reconnaître que nous ne nous appartenons pas. Notre existence nous est donnée et il s'agit d'en faire quelque chose. Notre vie est don de Dieu et nous avons, tout au long de son cours, à servir Dieu en servant son prochain. Quel défi ! Cela nous obligera certainement à faire mourir en nous-mêmes des grains (ceux qui nous font croire que nous sommes maîtres de notre vie par exemple) pour porter du fruit autour de nous. Il s'agira pour nous de nous abandonner au Père, car lui seul peut faire de nous des arbres porteurs de fruits. Ce sera là notre récompense.

Que cherchaient ces Grecs qui voulaient tant voir Jésus ? Ils l'ont vu. Ils l'ont entendu. Mais ont-ils seulement compris ? Ont-ils compris que la mort d'un homme peut apporter la Vie à tous, une vie véritable, qui prend sa source en Dieu ? Si le grain meurt, il porte du fruit en abondance.

Le chemin qui s'annonce dans les jours qui viennent est un chemin de mort pour Jésus et les siens. J'ai envie de dire d'inhumation de Jésus : il tombe en terre, comme le grain. Il mourra pour ressusciter, pour porter les fruits donnés par Dieu.

Pour le salut des hommes, il faut que Jésus meure ! Car si le grain meurt, il porte du fruit en abondance.

Photo personnelle.