Tempus fugit

Le temps fuit et nous n’y pouvons rien ! Le temps nous échappe, incontrôlable ! Cette constatation peut faire naître en nous des angoisses, notamment en lien avec notre propre finitude.

L’industrie nous propose des moyens de lutter contre cette impuissance. La cosmétologie nous promet des crèmes qui retardent les premiers signes du vieillissement; l’alimentaire nous vend des eaux quasi miraculeuses préservant la jeunesse de notre organisme; la médecine nous incite à une activité physique régulière pour garder la tonicité de nos articulations ! Et ne parlons pas de la mode qui fait que ce qui était à la mode l’été dernier ne le sera plus cette année, nous obligeant à renouveler toute notre garde-robe. Le temps passe et il passe vite !

Le temps passe et rien ne peut l’en empêcher. L’hyperactivisme est une attitude tentant de lutter contre la fuite du temps: la vie est courte, alors profitons-en au maximum, multipliant les activités de toutes sortes, réduisant à presque rien le temps libre, disponible.

Notre rapport au temps change aussi selon les âges de la vie : quand on est petit, on aimerait que le temps passe plus vite pour être grand. Quand on travaille, on se réjouit de la retraite pour avoir, enfin, du temps. Quand on devient âgé, et même très âgé, on trouve que le temps devient long, qu’il passe trop lentement.

Le Christ nous incite à vivre le temps présent. Il ne s’agit pas d’espérer des temps meilleurs dans un avenir improbable. Ce n’est pas non plus la peine de regretter le passé, on ne peut plus le changer (Qui de vous peut, à force d’inquiétude, prolonger sa vie, ne serait-ce que de quelques instants ?, Mt 6,27). Jésus Christ nous rappelle que chaque jour est don de la grâce de Dieu. Chaque jour, Dieu nous accorde son amour et son pardon. Chaque jour, nous devenons, dans notre relation aux autres, des témoins de cet amour et de ce pardon. Le Royaume, certes, est à venir : il nourrit notre espérance. Mais, et en même temps, il est à instaurer ici, dans ce monde-ci et dans le quotidien de notre existence (Ne vous inquiétez pas pour le lendemain; le lendemain se souciera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine, Mt 6,34).

Le temps passe et nous ne pouvons modifier sa course. Mais nous pouvons changer le regard que nous portons sur le temps et sur le monde. Au lieu de nous projeter dans demain, profitons d’aujourd’hui. Au lieu de ressasser hier, jouissons de ce jour. Mettons de côté un peu de cette denrée rare qu’est le temps, pour retrouver et fortifier notre relation à Dieu et aux autres. Entrons sans cesse en relation avec ce Dieu qui défie le temps et accompagne chacun de ses enfants dès avant sa naissance et au-delà de sa mort.

Regretter hier ne sert à rien.

Espérer demain est illusoire.

Vivre pleinement aujourd’hui est répondre à l’appel du Christ.

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