Le baptême de Jésus


S'il y a un événement de la vie du Christ à propos duquel les quatre évangiles sont unanimes, c'est bien celui de son baptême. C'est le point de départ de l'activité publique de Jésus. Jusque-là, on sait bien peu de choses à son sujet.

Mais, en même temps, s'il y a bien un événement gênant dans la vie de Jésus, c'est celui-ci ! Pourquoi donc Jésus, qui est le fils du Dieu très-haut, qui n'a commis aucun péché, devrait-il donc se faire baptiser, en vue justement du pardon, puisque le baptême que pratique Jean est un acte de repentance ?

Avant de répondre à cette question, intéressons-nous à ce personnage un peu énigmatique : Jean le Baptiste. Luc en fait le cousin de Jésus, lui aussi enfant d'une naissance miraculeuse. C'est un ascète, retiré au désert, vêtu d'une peau de bête et qui se nourrit de miel et de sauterelles. Il baptise dans le Jourdain et presse les foules de se repentir, afin d'échapper à la colère de Dieu. Ceux qui confesseront leurs fautes seront purifiés en étant plongés dans l'eau. Une fois baptisés, ces gens devenaient disciples du Baptiste.

Alors, comment comprendre que Jésus ait demandé le baptême de repentance de Jean ? Il est raisonnable de penser que Jean fut le maître spirituel de Jésus. En se faisant baptiser, Jésus reconnaît la pertinence de la prédication et l'autorité de Jean le Baptiste. D'ailleurs, Jésus baptisera, lui aussi. Mais, pour Jésus, le moment du baptême devient une expérience quasi mystique : voici que le ciel s'ouvre, l'Esprit de Dieu se manifeste en descendant sous les traits d'une colombe et une voix se fait entendre : Tu es mon fils bien-aimé, c'est en toi que j'ai pris plaisir !

Evidemment, personne ne peut aujourd'hui affirmer que tout s'est passé ainsi, mais ce qui est important c'est le sens de cette expérience. Pour Jésus, il devient évident qu'il a une vocation unique; il en prend conscience à ce moment précis. Il annoncera que le Royaume s'est approché, qu'il est même au milieu de nous. Mais bien plus, par sa personne même, par cette vocation reçue, Jésus est la manifestation du Règne de Dieu.

Le baptême est un sacrement. C'est-à-dire le signe visible de la grâce invisible de Dieu pour chacun de nous. La grâce et l'amour de Dieu sont premiers. Dieu nous a aimés, avant même que nous l'aimions ou que nous manifestions une quelconque gratitude à son égard; avant même que nous ayons conscience de son amour. C'est donc ainsi qu'il faut comprendre le baptême des enfants : le signe que Dieu aime, comme un père, comme une mère, avant même que l'enfant ait la simple idée qu'il peut exister un autre père que son père, ou une autre mère que sa mère.

Tu es mon fils-ma fille bien-aimé-e. C'est en toi que je prends plaisir. Ces paroles du Dieu des cieux s'adressent à chacun de nous. Bien que ce soit un événement unique, nous ne nous souvenons peut-être pas de notre baptême. Il est en tout cas un signe très fort de l'amour que nos parents nous ont porté. Ils ont voulu publiquement placer notre existence sous le regard bienveillant de Dieu, nous confier dans les bras du Dieu d'amour.

Ainsi le baptême n'est plus seulement un acte de repentance. Il est le moment dans une vie où l'esprit vient du ciel à notre rencontre. Pour Jésus, ce fut l'occasion d'entendre qu'il était le fils privilégié de son Père dans les cieux.

L'Esprit se matérialisa sous la forme d'une colombe. Oiseau de paix par excellence. Ainsi, le regard que pose Dieu sur chacun de nous est un regard d'amour et de paix qui nous sont donnés dès avant même que nous en ayons conscience. Pour nous aussi, même si nous ne l'avons pas gardé en mémoire, ce fut l'occasion de recevoir l'Esprit du Dieu du ciel. Ce fut aussi la révélation en notre coeur de la vocation qui sera la nôtre plus tard : celle d'être, à l'image du Christ, des fils et des filles de Dieu, messagers d'amour et de paix.

Quel plus beau cadeau que celui d'être aimé du Père ! Avant toute chose, l'amour de Dieu est là. Qu'aujourd'hui encore, ces paroles résonnent en notre coeur : Tu es mon fils-ma fille bien aimé-e, c'est en toi que je prends plaisir.

Amen.

Photo personnelles (c) mars 2009

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