En route vers la crèche de Noël (c) 2011 |
Prédication prononcée le 9 décembre 2012 au temple du Locle.
2e dimanche de l'Avent.
Textes : 2 Thessaloniciens, 1.11-2.2, Luc 19, 1-10
Textes : 2 Thessaloniciens, 1.11-2.2, Luc 19, 1-10
Chers frères et sœurs,
Nous voici déjà au deuxième dimanche de l’Avent, à
mi-chemin vers Noël. Mais nous n’y sommes pas encore à Noël, n’en déplaise aux
grands magasins qui, depuis deux mois, nous font croire à Noël avant l’heure.
Nous sommes en train de marcher, d’avancer vers cet horizon pas à pas, en
prenant le temps d’attendre et d’accueillir la naissance de Jésus-Christ dans
notre monde.
Mais nous avons la fâcheuse tendance de tout anticiper :
par exemple, qui, parmi nous, n’a pas encore acheté son agenda 2013, ni inscrit
ses premiers rendez-vous ? A force de penser et d’organiser demain,
n’avons-nous pas oublié aujourd’hui ?
Attendez, prévoir 2013, ça ne sert plus à grand-chose,
puisque le monde s’arrêtera de tourner le 21 décembre prochain, selon les
prédictions de certains se basant sur un vieux calendrier maya qui d’ailleurs
n’annonce pas la fin du monde, mais d’un cycle, c’est pas pareil !
Anticiper, c’est
oublier aujourd’hui
Vous le savez bien, pour ce qui est de la fin du monde,
ou la fin des temps (faut-il encore s’entendre sur les mots), seul Dieu connaît
le jour et l’heure.
Et c’est bien cela que rappelle Paul aux croyants de
Thessalonique : au temps de Paul, Ier siècle de notre ère, une conviction
assez répandue espérait, proclamait, un retour imminent de Jésus-Christ.
D’ailleurs en lisant les lettres de l’apôtre qui
lui-même en était convaincu, au moins au début de son ministère, le lecteur
remarquera un changement, une évolution dans cette conception, où l’imminence
tarde, et où il faut penser à durer dans le temps.
A Thessalonique, des croyants étaient persuadés du
prompt retour du Seigneur, de l’avènement de son jour. Ou même que ce jour
était déjà arrivé, qu’ils étaient entrés dans une nouvelle ère. Comme s’il ne
fallait plus s’inquiéter de rien, se laisser aller à l’oisiveté.
Et, Paul met en garde contre ceux qui se réclameraient
de lui pour annoncer que le jour du Seigneur est déjà là. Il y aura des signes
précurseurs, annonciateurs auxquels il faudra être vigilants.
Paul invite ses lecteurs à la vigilance, à l’urgence
paisible : vivre chaque jour comme si c’était le dernier, mais aussi vivre
chaque jour comme si c’était le premier de nombreux autres.
Un jour, on demanda à Martin Luther ce qu’il ferait si
on lui annonçait la fin du monde pour demain. Sa réponse : « Je
planterais un arbre. » Etrange réponse certes, mais qui montre toute la
confiance du croyant.
Planter un arbre, c’est vivre comme avant en travaillant,
tout en croyant à la vie, à un avenir toujours possible. La fin du monde, c’est
pas la fin de la vie !
Anticiper, faire comme si on était déjà dans autre chose
que la réalité, c’est oublier toute la valeur d’aujourd’hui, du jour présent
que Dieu nous donne.
La langue française offre pour le même mot présent deux sens : le moment actuel
et le cadeau. Et si aujourd’hui, c’était le cadeau que nous offre Dieu ?
L’aujourd’hui de
Dieu, le présent de Dieu
L’aujourd’hui de Dieu. L’aujourd’hui de la rencontre.
S’il en est un qui a dû comprendre ce que voulait dire
« aujourd’hui », c’est bien Zachée, le chef des collecteurs d’impôts
de Jéricho.
Par deux fois, Jésus lui adresse ce mot :
aujourd’hui.
Une première fois : « Zachée, hâte-toi de descendre ;
car il faut que je demeure aujourd'hui
dans ta maison ». Pas de temps à perdre, pas le temps de prendre
rendez-vous, de vérifier si l’agenda de Zachée lui permet d’accueillir Jésus,
de dégager un peu de temps, peut-être entre une et deux ou de cinq à sept !
« Hâte-toi… Il faut… » Il y a urgence ! La
rencontre ne souffre d’aucun retard. Surtout que Jésus marche vers Jérusalem,
vers la ville de son jugement. Il n’y a pas de temps à perdre. Il faut faire
vite.
Et Zachée n’est pas le seul à avoir répondu dans la
spontanéité. Souvenez-vous de Lévi, un autre collecteur d’impôts, qui abandonne
sur le champ son bureau pour suivre Jésus, ou les pêcheurs Simon et André,
Jacques et Jean, les fils de Zébédée. Ils ont tout abandonné pour répondre
impulsivement à l’appel de Jésus. Une réponse du cœur plutôt que de la raison.
Si la réponse de Zachée ne se fait pas attendre : il
descend en hâte et reçoit Jésus avec joie. La réaction de la foule elle non
plus ne se fait pas attente : comment ? Jésus, le prophète, le
guérisseur, lui, aller dans la maison de ce pécheur.
Les préjugés sont eux aussi spontanés, impulsifs.
Dans cette rencontre, tout va très vite : Zachée se met
à nu, au sens figuré. Il est prêt à donner une grande part de sa richesse,
amassée en partie malhonnêtement, du moins le soupçonne-t-on. Du geste de
l’accaparement, « Tout pour moi », il passe au geste du don,
« Tout pour les autres » ! Un changement, une conversion dans
l’instant présent, dans l’aujourd’hui que Dieu lui a offert de rencontrer
Jésus-Christ.
La seconde fois où Jésus emploie
« aujourd’hui » c’est au moment de la conversion de Zachée :
« Aujourd’hui, le salut est
entré dans cette maison ». Aujourd’hui, Jésus est venu chercher celui qui
était perdu, égaré, méprisé par le regard que la foule portait sur lui.
Et de ce pécheur, Jésus fait aussi un fils d’Abraham, un
membre du peuple de Dieu. Non parce que Zachée aurait « bien » agi en
donnant ses richesse, mais parce qu’il a répondu à l’appel de Jésus et qu’il a
fait de son aujourd’hui, l’occasion de changer son regard sur la réalité.
Chaque jour est l’aujourd’hui de Dieu. Le présent que
Dieu nous offre pour que nous vivions de sa rencontre, pour que nous répondions
à l’appel qu’il nous adresse et que nous posions sur ceux que nous rencontrons
le même regard que Jésus a posé sur Zachée, un regard empreint de
bienveillance.
L’aujourd’hui de Dieu, c’est faire de la place pour Dieu
dans nos agendas souvent bien trop remplis.
En ce temps de l’Avent, c’est être prêt à répondre sans
attendre à son appel, afin de nous mettre en route, chacun et tous ensemble,
vers la crèche de Noël.
Et le long de ce chemin, c’est aussi interpeller,
regarder, avec le regard de Jésus, celles et ceux que nous ne voyons plus pour
les inviter à nous suivre.
C’est porter son regard vers ceux que la société a comme
effacés de son champ de vision, pour leur annoncer qu’ils ont de la valeur à
nos yeux et que Dieu ne les a pas oubliés.
L’aujourd’hui de Dieu, c’est se rappeler que si
l’éternité appartient à Dieu, il nous donne le présent de chaque jour, pour
faire naître un peu de cette éternité dans nos rencontres.
« Carpe diem » écrivait le poète latin Horace.
« Carpe diem », « Cueille le jour présent, sans te soucier du
lendemain ».
Jésus ne disait pas autre chose : « Aujourd’hui, le salut est
venu pour cette maison. »
Bon chemin de l’Avent.
Amen.
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