L’Evangile de Jean fait mention à
plusieurs reprises du « disciple que
Jésus aimait ». Qui est donc ce personnage un peu énigmatique, resté
anonyme ?
Certains commentateurs y ont
discerné la figure de Jean, fils de Zébédée, le frère de Jacques. D’autres ont
vu en lui l’auteur même du 4e Evangile. D’autres enfin ont plutôt vu
dans ce personnage un modèle, une
personnification du disciple parfait.
Conclusion : le mystère
demeure.
Et bien moi, ce matin, j’ai envie
de tenter une nouvelle représentation, une de plus : Et si ce disciple que Jésus aimait, c’était le croyant, donc en fin
de compte, nous-mêmes. Essayons alors de relire ce texte en nous mettant dans
la peau du disciple que Jésus aimait.
Aux premières heures après le
sabbat, quand il faisait encore nuit, voici que Pierre et moi sommes réveillés
en sursaut par notre sœur Marie Madeleine : elle est tout affolée ; on
comprend à peine ce qu’elle nous dit, tant elle est essoufflée : la pierre qui fermait le tombeau aurait été
déplacée ; on aurait enlevé le corps de Jésus, celui qui avait été
crucifié.
Qui ça, on ? Et
pourquoi ? Trop de questions…
Il fallait en avoir le cœur net.
Nous nous habillons en hâte et courons tous deux au tombeau. D’abord, nous
sommes côte-à-côte, puis, comme dans une compétition, nous puisons dans nos
forces pour courir plus vite… Encore plus vite, toujours plus vite… Pas de
temps à perdre ! Chaque seconde compte ! Nous voulons être chacun le
premier.
Dans notre course, Pierre prend un
peu de retard, s’essouffle, se laisse distancer… Il n’a pas l’habitude de
courir si longtemps.
Mais ma course à moi s’arrête
net ! Comme devant un mur, ou plutôt un gouffre… Un pas de plus et je
risque de tomber… La pierre du tombeau a été roulée : tout est comme Marie
l’a décrit. J’ose à peine m’appuyer au bord de l’entrée. Dans la pénombre, je
distingue les bandelettes, le linge…
Les questions ne cessent de se
bousculer dans ma tête, je ne sais trop que penser… je ne peux pas réfléchir,
tout bouillonne en moi ! Je m’appuie un peu plus au bord de l’ouverture,
sans risquer un pas de plus ; je me penche, mais je n’ose pas entrer.
Pierre arrive, me bouscule, entre
dans le tombeau. Lui aussi, il est étonné, lui non plus ne comprend pas… Il
cherche une explication.
Tout a l’air si bien rangé ;
pas de déchirures, rien qui laisse penser à une quelconque lutte.
C’est
comme si Jésus s’était réveillé, s’était défait de ses bandelettes, les avait
soigneusement rangées, ainsi que son linge et était sorti… Mais c’est
impossible !
Enfin, j’ose, je pénètre à mon
tour dans le tombeau et je vois ce qu’il
y a à voir : les bandelettes, le linge, mais pas de corps. Rien !
Jésus n’est plus là. Que s’est-il passé ?
Alors, peu à peu, comme une
silhouette dans le brouillard, une idée se dessine, prend forme en moi :
Si Jésus n’est plus au tombeau, c’est qu’il n’est pas mort… Et donc, il est
vivant… Jésus, le Maître, il vit… Est-ce possible ?
Le doute peu à peu laisse place à
cette idée qui devient une certitude : il
vit !
Pierre ne dit rien. Il ne peut
détacher son regard des bandelettes et du linge. Lui, qui d’habitude, est si
prompt à parler, à réagir… Ici, il est comme mort, pétrifié par ce qu’il voit.
Il ne comprend pas ! Il ne peut pas comprendre…
Alors, je m’approche doucement de
lui, je lui effleure l’épaule et lui dit dans le creux de l’oreille : « Il vit ! ».
Entends-tu ? Il vit ! Comprends-tu ?
Il vit !
Ces paroles ont pour effet de le
réveiller. Il vit ! Pierre se
relève, sort à reculons du tombeau. Il
vit ! Comprends-tu ? Il n’est pas ici, donc il vit !
Nous avons refait le chemin jusque
chez nous, en marchant cette fois… Nous avions encore de la peine à comprendre
ce qui nous avait été donné de voir… Mais cette certitude se gravait de plus en
plus dans nos esprits : Il vit… ! Il
est vivant ! Il vit.
Alléluia !
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