Les recalés du dernier rang

Ev. de Luc 14.7-11

Imaginons la scène suivante : une personnalité vous a invité à un repas de gala. Le carton d’invitation, somptueux évidemment, vous a laissé accroire que vous étiez considéré par ce dignitaire. Vous avez mis vos plus beaux atours pour « faire sensation » et, fier, vous êtes entré dans la salle à manger. Vous avez remarqué une table autour de laquelle avaient pris place les stars du moment et, sans aucune mauvaise pensée, vous vous êtes joint à elles. Vous pensiez être alors à votre place, à celle qui vous revenait de plein droit. Mais, voilà, à peine avez-vous écouté ce qui se disait, qu’un majordome vous tape discrètement sur l’épaule et vous chuchote à l’oreille que votre siège vous attend tout au fond de la salle, derrière un gros pilier où vous passerez inaperçu. D’ailleurs, dans l’assemblée, personne ne vous connaît. Vous voilà misérablement mis en lumière, recalé au dernier rang, tous ces efforts pour rien ! Vous aimeriez sans doute disparaître comme par enchantement !

Comme dans toutes les situations de la vie, il est toujours plus valorisant d’être élevé, reconnu pour des efforts qui nous paraissent modestes, plutôt que rabaissé à cause de notre orgueil à vouloir être mis en lumière. C’est le sens de cette parabole. Jésus exhorte les invités à rester modestes, à se contenter des places les moins en vue, non pas parce qu’elles sont méritées à cause d’un comportement suspect, mais pour les laisser à ceux qui les méritent vraiment. En fin de compte, ces personnes qui s’assiéront au premier rang, ce sont celles-là même qui étaient assises au dernier.

Dans nos communautés, nous sommes au service des autres et, parfois, nos efforts peuvent passer inaperçus. Nous aimerions bien nous mettre en avant, être reconnus, recevoir des compliments… en les suscitant. Mais le plus beau cadeau, c’est quand ces félicitations viennent de façon inattendue : quand à la fin d’une prière en public, quelqu’un vient vous dire « merci, cela m’a fait du bien ! » Ou encore quand un visage triste s’éclaire d’un sourire, sans trop savoir pourquoi. Un moment partagé, un éclat de rire, une poignée de main fraternelle ; voici des signes reconnaissants de notre valeur aux yeux de nos frères et sœurs.

Nos Eglises ne pourraient rien faire sans le dévouement constant des « travailleurs de l’ombre », de ceux qui, bénévolement, donnent de leur temps, de leurs talents au service des autres, marchant ainsi sur les traces du Seigneur Jésus qui n’a jamais rejeté l’indigent. Il est bon de rappeler au monde que nous sommes nombreux à nous engager dans nos communautés et que, souvent, nombre d’entre nous restons dans l’anonymat. Tout comme la parabole le montre, celui qui invite fera venir ces « recalés du dernier rang » pour les placer au premier. En attendant, ayons à cœur de laisser notre place, de poursuivre notre action pour les autres, en étant au service de notre cause commune : l’amour du Christ. Amour qui ne cesse de croître à l’approche de Pâques.

Merci à toutes et à tous.

Le dévouement, c'est aussi séduire le regard par des jeux de lumières et une harmonie des formes.

Source de l'image: photo personnelle (c) juin 2006