Le Roi et les contradictions

Ev. de Matthieu 21.1-11

Ce dimanche, nous fêtons l’entrée de Jésus dans la capitale Jérusalem. Une arrivée triomphante, si on en croit les évangiles. « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! » chante la foule qui accompagne le Christ. Luc, quant à lui, ajoute : « Que Dieu bénisse le roi qui vient au nom du Seigneur ! » (Luc 19.38).

A y regarder de plus près, cette scène est remplie de contradictions : voici un « roi », reconnu comme tel par une foule nombreuse, qui arrive sur un âne, et même un ânon, le petit d’une ânesse, animal emprunté à on ne sait qui du village voisin. N’aurait-il pas dû se présenter sur une « fière monture », un destrier digne de son rang royal ? Dans toute son histoire, Jésus a montré l’humilité de Dieu.

« Gloire au fils de David ! » lance la foule à tous ceux qui l’écoute. Et pourtant, cette même foule, dans quelques jours criera, avec la même vigueur à Pilate : « Crucifie-le ! » A la question : « Qui est cet homme ? », on répondit : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée ». Malgré tous les miracles, l’enseignement et les discours du « fils du charpentier », les juifs n’ont vu en lui qu’un prophète, comme tant d’autres, mais pas le roi libérateur, celui qui allait les soulager du joug de l’empire romain. Ici encore, humilité de Dieu qui prend les traits d’un homme, qui ne force personne, qui n’impose pas. Il ouvre un chemin nouveau, il guérit, il enseigne, même si ses auditeurs ne comprennent pas.

Contradiction encore autour de la croix, « si tu es fils de Dieu, sauve-toi toi-même ! » (Marc 15.30) ; tout le parcours de Jésus, toutes ses paroles n’ont pas su convaincre. Le Messie devait être ce roi puissant, capable de renverser un gouvernement et pas seulement les tables des marchands du Temple. Celui qu’annonçaient les prophètes ne devait pas mourir au nombre des brigands, mais apporter une vraie libération, peut-être même dans la violence et le sang. Un roi libérateur aurait dû pousser ce peuple opprimé à prendre les armes et non à lui dire : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. » (Matthieu 5.44). Alors, décidément non ! Ce Jésus de Nazareth ne pouvait pas être le fils du Dieu d’Israël, celui que le Tout-Puissant allait envoyer pour sauver Son peuple !

Et nous, aujourd’hui ? Ne vivons-nous pas dans (et de) contradictions ? Je crois en Dieu, mais pourtant, il m’arrive de douter qu’Il se soucie vraiment de moi. Je comprends la Bible comme parole de Dieu et pourtant, il m’arrive de la regarder avec un esprit critique, de la juger. Je sais que Dieu est Amour, et pourtant il m’arrive de ne pas « bien » aimer, ou même de haïr. Je prie et pourtant, il me semble que rien ne change autour de moi.

C’est justement quand nos certitudes volent en éclats que Dieu se révèle. C’est quand je perds pied que la main secourable du Christ me rattrape. C’est dans les ténèbres et l’obscurité que la flamme est la plus utile et la plus visible.

Dimanche, nous nous souvenons de l’entrée de Jésus à Jérusalem comme roi. Que chaque jour, nous puissions effectivement l’honorer comme notre roi. Que chaque jour, nous puissions faire sa volonté. Que chaque jour, il nous envoie dans le monde pour annoncer cette bonne nouvelle : « L’Eternel est notre roi : c’est lui qui nous sauve » (Esaïe 33 : 22).

Amen!

Source de l'image : photo personnelle (c) octobre 2006

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